La légende de Saint-Prest

Vers l’an 270 de notre ère, Saint-Prest, Priscus, noble chrétien de Besançon, s’était réfugié avec quelques-uns de ses coreligionnaires, dans les forêts de l’Auxerrois, pour fuir les persécutions de l’empereur Aurélien.

L’empereur apprenant qu’un rassemblement de chrétiens s’était formé près d’Auxerre, et craignant une révolte dans les Gaules, dépêcha, pour le combattre, Alexandre avec une légion romaine.

A cette nouvelle, les chrétiens se retirèrent dans la forêt de la Puisaye, à six lieues d’Auxerre, où ils furent atteints par les Romains.

Ayant fait profession publique de leur foi, Priscus et ses principaux compagnons furent massacrés et leurs corps furent jetés dans un puits

Saint-Prest avait eu la tête tranchée : un de ses compagnons, appelé Cotus, échappé aux mains d’Alexandre, recueillit le chef du saint et l’emporta à des lieues au-delà d’Auxerre, où il fut rejoint par ses persécuteurs et immolé à son tour.

Ces reliques restèrent cachées pendant près de 150 ans ; ce ne fut que sous le pontificat de Saint-Germain, évêque d’Auxerre, qu’elles furent découvertes par ce vieux prélat ; il fit bâtir en 444 un monastère et une église pour les recevoir à Toucy (ou Coucy) appelé le couvent des Saints en Puisaye, sur le lieu même où avaient été martyrisés Saint-Prest et ses compagnons. Une autre église fut également  fondée à Saint-Bry, lieu où fut retrouvé le chef de Saint-Prest. Elle est encore maintenant le but d’un important pèlerinage.

Les religieux de Puisaye, craignant le passage des troupes de Clovis à travers la Bourgogne, partirent pour Orléans, emportant leurs reliques, puis vinrent près de Chartres et s’arrêtèrent sur les bords de l’Eure à l’endroit appelé la Roche.

Au moment où ils allaient retourner dans leur monastère, après la fin des guerres, Ethère, évèque de Chartres eut une vision :

Saint Prest lui apparut en songe et lui ordonna de déposer son corps et celui de ses compagnons dans l’église du lieu où ils se trouvaient pour l’instant et qui était alors dédiée à saint Jean-Baptiste.

Ethère partit sur-le-champ, et ayant trouvé les moines bourguignon, il leur fit part des intentions qui lui étaient suggérées par le miracle céleste.

Les reliques furent transportées jusqu’à l’église dans une chapelle basse qui fut édifiée au côté droit de l’église et qui porta le nom de « chapelle des corps saints »

En effet, outre le corps de saint Prest qui y fut exposé à la vénération des fidèles, plusieurs reliques de ses compagnons y furent vénérées notamment saint Andoche ou saint Audevoir qui a laissé son nom à une fontaine située à la Roche près de l’Eure.

La légende du pays raconte qu’un ossement de ce saint tomba par mégarde dans la source et lui donna un pouvoir miraculeux pour guérir la phtysie (tuberculose).

Ce sont ces reliques des saints aujourd’hui encore contenues dans deux châsses et le tombeau en pierre de saint Prest (contre 10 grands tombeaux qui disparurent lorsque la chapelle des corps saints fut comblée en 1841.)