Avant l’an 528, le village de Saint-Prest se nommait Saint-Jean-sur-Eure.A cette époque, l’évêque de Chartres, Ethère, fit construire une chapelle, accolée au flanc sud de l’église paroissiale, pour y recevoir les restes de saints martyrs, qu’on déposa dans dix sarcophages.Les reliques les plus honorées étaient celles d’un certain Priscus ; à la suite de nombreux miracles, la paroisse prit le nom de Saint-Prest.
L’empereur apprenant qu’un rassemblement de chrétiens s’était formé près d’Auxerre, et craignant une révolte dans les Gaules, dépêcha, pour le combattre, Alexandre avec une légion romaine.
A cette nouvelle, les chrétiens se retirèrent dans la forêt de la Puisaye, à six lieues d’Auxerre, où ils furent atteints par les Romains.
Ayant fait profession publique de leur foi, Priscus et ses principaux compagnons furent massacrés et leurs corps furent jetés dans un puits
Saint-Prest avait eu la tête tranchée : un de ses compagnons, appelé Cotus, échappé aux mains d’Alexandre, recueillit le chef du saint et l’emporta à des lieues au-delà d’Auxerre, où il fut rejoint par ses persécuteurs et immolé à son tour.
Ces reliques restèrent cachées pendant près de 150 ans ; ce ne fut que sous le pontificat de Saint-Germain, évêque d’Auxerre, qu’elles furent découvertes par ce vieux prélat ; il fit bâtir en 444 un monastère et une église pour les recevoir à Toucy (ou Coucy) appelé le couvent des Saints en Puisaye, sur le lieu même où avaient été martyrisés Saint-Prest et ses compagnons. Une autre église fut également fondée à Saint-Bry, lieu où fut retrouvé le chef de Saint-Prest. Elle est encore maintenant le but d’un important pèlerinage.
Les religieux de Puisaye, craignant le passage des troupes de Clovis à travers la Bourgogne, partirent pour Orléans, emportant leurs reliques, puis vinrent près de Chartres et s’arrêtèrent sur les bords de l’Eure à l’endroit appelé la Roche.
Au moment où ils allaient retourner dans leur monastère, après la fin des guerres, Ethère, évèque de Chartres eut une vision :
Saint Prest lui apparut en songe et lui ordonna de déposer son corps et celui de ses compagnons dans l’église du lieu où ils se trouvaient pour l’instant et qui était alors dédiée à saint Jean-Baptiste.
Ethère partit sur-le-champ, et ayant trouvé les moines bourguignon, il leur fit part des intentions qui lui étaient suggérées par le miracle céleste.
Les reliques furent transportées jusqu’à l’église dans une chapelle basse qui fut édifiée au côté droit de l’église et qui porta le nom de « chapelle des corps saints »
En effet, outre le corps de saint Prest qui y fut exposé à la vénération des fidèles, plusieurs reliques de ses compagnons y furent vénérées notamment saint Andoche ou saint Audevoir qui a laissé son nom à une fontaine située à la Roche près de l’Eure.
La légende du pays raconte qu’un ossement de ce saint tomba par mégarde dans la source et lui donna un pouvoir miraculeux pour guérir la phtysie (tuberculose).
Ce sont ces reliques des saints aujourd’hui encore contenues dans deux châsses et le tombeau en pierre de saint Prest (contre 10 grands tombeaux qui disparurent lorsque la chapelle des corps saints fut comblée en 1841.)
Les moines Auxerrois ne pensaient pas à se fixer en ce lieu et espéraient retourner dans leur monastère sitôt la guerre cesserait. Mais Dieu manifesta d’autres desseins. La nuit qui suivit l’arrivée des religieux, Saint-Prest apparut au bienheureux Ethère, évêque de Chartres, et lui dit : « Levez-vous, mon frère ; rendez vous promptement à l’endroit où sont déposées nos reliques, et préparez-nous-y un lieu de repos. »
-Et qui êtes-vous seigneur? répondit l’évêque
-Je suis Priscus, qui ai choisi un lieu non loin de votre ville, auprès de votre fleuve ; là vous trouverez des serviteurs de Dieu qui sont arrivés hier avec nos cendres.
Dès le matin, l’évêque raconta cette vision à son clergé et au peuple de la ville ; il se transporta à Saint-Jean-sur-Eure et trouva les choses comme il lui avait été dit. Le saint pontife fit creuser un oratoire adjacent à l’église, et y ensevelit les sacrés restes dans dix tombeaux de pierre. Le corps de Saint-Prest fut mis dans un tombeau plus grand que les autres, et sa tête fut conservée à part dans une urne.
Depuis ce temps, la paroisse prit le nom de Saint-Prest et Saint-Jean n’en fut plus que le second patron. La fête du saint martyr fut fixée, pour tout le diocèse de Chartres, au 16 octobre, anniversaire de l’arrivée des reliques ou de la translation des Reliques.
L’église actuelle a pour crypte l’abside de l’église carolingienne du IXème siècle, celle-ci ayant succédé à un sanctuaire du VIème.
Accès à la nef du XIIème, coté ouest, par un joli portail roman, surmonté d’une triple archivolte à dents de scie et encadré par deux colonnettes à chapiteau. A droite, un visage serait celui d’Eve, et à gauche apparaîtrait le serpent tentateur.
L’église mesure 37,50 m sur 9,50 m, elle est éclairée par 19 fenêtres en style roman de transition.
Les vitraux sont l’œuvre de Charles Lorin.
Dès l’entrée, le visiteur est saisi par l’unité et la chaleur données par les boiseries Louis XVI qui garnissent la partie basse des murs, surmontées par les lambris de sapin verni posés en partie haute pour masquer les méfaits du salpêtre.
La charpente de châtaignier est supportée par dix entraits, dont les six premiers finissent en monstres marins.
Cette chapelle fut entièrement reconstruite au XIIIème siècle, sans déplacer les tombeaux.
Peu à peu mutilés, brisés, ceux-ci disparurent, excepté celui de saint Prest, dans lequel, en 1664, tous les ossements furent rassemblés . Le pavage fut alors rehaussé d’environ 60 cm.
La fontaine près de laquelle elles avaient été déposées d’abord, continua d’exciter la dévotion des fidèles. Le peuple l’appelle fontaine de Saint-Audevoir ou de Saint-Andoche, du nom d’un des compagnons de Saint-Prest, selon quelques auteurs, et, selon d’autres, du nom d’un saint religieux qui habitait en ce lieu et qui reçut les moines lorsqu’ils arrivèrent avec leurs Reliques.
Cette fontaine est toujours visitée ; et Dom Georges Viole remarque qu’il y avait affluence surtout le Vendredi saint. Les mères ne craignant pas d’y plonger leurs enfants.
Extrait de « Notice historique sur les Reliques de Saint-Prest » : Bréviaire de Chartres -Apothec.moral - Lectionn. de Saint-Père - D. Georges Viole - Cartulaire de Notre-Dame - Procès-verbaux...
La Fontaine Audevoir a disparu aux environs de 1920. Une margelle et une garniture de puits « rustiques » mais d’un type non-conforme à la tradition locale se trouvait tout près du moulin de la Roche, à quelques mètres du cours de l’Eure. On disait que ce puits était alimenté non point par la rivière, mais par le ruissellement des côtes voisines. Il était peu profond. Cette petite fontaine fut réputée miraculeuse. On y plongeait les enfants qu’on disait atteint de « maladie de langueur ». D’ailleurs la coutume d’y plonger les enfants fut interdite à plusieurs reprises par le Préfet d’Eure-et-Loir.
L’eau de la Fontaine Saint-Audevoir était potable : les meuniers et les cultivateurs voisins y puisaient pour leurs besoins ordinaires.
Six lavoirs sont encore implantés sur le territoire de la commune de Saint-Prest.Ces lavoirs publics couverts furent en général construits autour des années 1850, soit au bord de la rivière, soit au bord des sources.
La lessive était réalisée une fois par semaine pour le petit linge et une ou deux fois par an comme un rituel au printemps et à l’automne. Durant ces « grandes lessives », les draps de la famille ou du quartier étaient lavés le même jour et toutes les femmes du village étaient réquisitionnées.
Il existait des laveuses professionnelles qui travaillaient pour les familles plus aisées. En général ce jour là, la laveuse était nourrie par la famille.
Ensuite, malgré les progrès de la machine à laver, quelques personnes venaient, après la fin de la guerre 1939-45, encore rincer leur linge à la rivière après l’avoir lavé chez elle.
Ces lavoirs étaient des endroits de rencontres et de bavardages.
Ici, le lavoir est sur la rivière, donc avec un aménagement propre au niveau variable de la rivière, avec le réglage de la hauteur du plancher. Ce réglage se faisait à l’aide d’un volant ou d’une chaîne.Le réglage du plancher était indispensable pour que la lavandière ait la planche inclinée pour laver au ras de l’eau.Cette planche inclinée était en peuplier bois qui ne salit pas le linge.
Les femmes arrivaient avec leur brouette au lavoir. Elles était munies du matériel de lavage : caisse à laver, appelée « carrosse » dans laquelle il y avait de la paille ou un coussin, leur savon, le battoir, une brosse à poil de crin pour frotter le linge.
Après avoir sorti leur linge, elles s’agenouillaient dans leur « carrosse » et commençait le savonnage, le frottait sur la planche avec leur brosse, ensuite elle se servaient du battoir pour battre le linge mouillé et savonné, avant de le rincer au courant de la rivière. Une barre était disposée dans le lavoir afin que le linge soit égoutté, avant d’être étendu.
A Saint-Prest, la plupart des lavoirs étaient placés sur la rivière sauf ceux qui se trouvaient sur des sources, comme celui que nous allons voir au Plainteau et un autre qui se trouve au quartier du Grand Vau. Ces sources étaient appelées « fontaines ».
« Les lavoirs de fontaines »
Dans ces lavoirs, pas de système de plancher amovible, le bord était en pierre, parce qu’en principe le niveau était constant. Ces lavoirs étaient utilisés en hiver, l’eau étant moins froide que dans la rivière.On trouve dans les archives des demandes de nettoyage par la commune de ces sources aux eaux stagnantes.
De nombreuses communes ont gardé et préservé leurs lavoirs car ces lieux et ces bâtiments constituent la richesse du patrimoine rural.
On peut s'étonner qu'en Beauce, il exista une culture de la vigne. Ces vignes furent d'abord plantées par les moines sur les rebords de la vallée de l'Eure, et notamment à Saint-Prest où cette activité tenait une place très importante. En 1740, le vignoble du Pays chartrain s'étendait sur le territoire de 110 paroisses et occupait une superficie totale estimée à 20 914 quartiers, soit environ 2600 hectares. Les anciennes familles de Saint-Prest ont toutes des ancêtres "vignerons".
Histoire de la vigne à Saint-Prest
Au XIème siècle, les deux grandes puissances qui se partageaient le territoire de Saint-Prest étaient le Chapitre de Notre-Dame de Chartres et l’abbaye de Saint-Père, possesseurs l’un et l’autre de nombreux moulins.
En 1925, un habitant d’une ancienne famille de Saint-Prest a eu la bonne idée de Livretraconter,dans un petit livret, l’histoire de cette petite vierge, dite « La Bonne Vierge de l’Orme »qui se trouve dans une niche sur un pilier dans le hameau du Gorget, au carrefour de la rue du Chemin de Brétigny. Il voulait que la légende de cette petite vierge ne tombe pas dans l’oubli, étant donné qu’elle avait été racontée lors des veillées par ses aïeux.
Quand on passe en voiture dans la rue de Liberté au Gorget, on ne la remarque pas. Les personnes âgées se souviennent qu’il y a encore peu de temps elle n’était pas oubliée et qu’aux moment des fêtes, des personnes la respectaient, même en l’habillant avec une robe blanche ou bleue.
La mémoire se perdant de plus en plus, cette petite vierge, taillée d’une façon un peu frustre est ignorée par les Saint-Prestois, à l’exception des personnes du Gorget qui tiennent à leur petite vierge. Elle avait fait l’objet d’un vol , il y a quelques années, mais elle fut retrouvée et remise en place.
Il est difficile de savoir à quelle date elle fut taillée. D’après le narrateur, cette statue doit être une copie des anciennes, car le bois ne se conserve pas indéfiniment. La statue actuelle daterait du XVIIIème siècle, mais sur un modèle du XIIème ou XIIIème siècle a cause de la chevelure bouclée de la mère et de l’enfant, et le vêtement plissé au cou et les plis sobres de la robe. L’enfant est nu, comme le voulait l’usage à cette époque – (le vêtement rappellerait celui de la statue funéraire de Lucia de Lèves, décédée vers le milieu du XIIème siècle.Cette statue a été portée en procession à cause du trou conique pratiqué à la base.
Pourquoi cette statue se trouve-t-elle dans ce pilier ? Ce nom de « Bonne Vierge de l’OrViergeme » indique qu’elle se trouvait dans le creux d’un très vieil orme à l’emplacement du pilier actuel. L’orme ayant été pulvérisé par la foudre, peut être dans les années 1850, la petite statue était restée intacte, sans une égratignure. Les habitants frappés par ce miracle, décidèrent de donner à leur petite vierge une niche dans un pilier, telle que nous la voyons aujourd’hui.
L’origine de ces petites vierges trouvées dans le creux d’arbres séculaires sont les témoignages les plus anciens de l’origine du culte chrétien au pays des Carnutes ( on dit les appeler « marriettes »)